La Compagnie des Zindes - Rykke-Errel
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 Mémoires de Sibelius

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Sibelius
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Sibelius


Masculin Divinité Athée
Âge Âge : 35
Origines Origines : Peuple Lenald
Compétences Compétences : Cuisine, bâton, susciter de la pitié
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MessageSujet: Mémoires de Sibelius   Mémoires de Sibelius RT1aivT28.02.13 11:30


MÉMOIRES DU DRAGOMAÎTRE SIBELIUS


CHAPITRE PREMIER : LA CLÉMENCE



L'épaisse brume recouvrant les flots silencieux ne semble pas d'humeur à se lever, ce qui est peu commun en ce mois de Martalo. L'hiver a été tumultueux : sur le rivage, certains arbres couchés à même le sol témoignent de tempêtes passées brutales et impétueuses. Seul le doux clapotis des eaux sombres caressant le sable immaculé parvint à s'ajouter à l’irréel silence dominant. Il fait frisquet ce matin-là, les crinières chatoyantes d'une famille de serpiplumes, assoupis non loin de là, vibrent allègrement de temps à autre au grès d'une brise svelte. Quelques rayons de soleil parviennent laborieusement à pénétrer le brouillard environnant, aussitôt ce sont des dizaines de scaratos qui s'extirpent de leurs cavités d'une nuit en laissant derrière eux de petits monticules de sable, prêts à être effacés à la moindre insouciance de l'océan. Un kraméléhon tente de se réchauffer aux lueurs de l'aube sur une pierre décolorée, le minoskito distrait qui voletait près de lui n'aura pas la chance d'apprécier cette journée.

Dans ce réveil fantastique, telle une perle de rosée fraîchement déposée, un panier, fait de branches de bombu entrelacées, dérive lentement en direction de l'île encore somnolente. Dans un raclement sec, la chose s'échoue sur le rivage. Intrigué, un serpiplume se dresse à la verticale pour mieux observer la situation, il décide de s'approcher prudemment de quelques toises. Puis, soudainement, de mielleux hurlements transpercent l'air : la créature longiforme s'arrête nette dans son avancée. Ne sachant trop que faire, sa tête se met à faire un demi-tour en direction de ses congénères encore assoupis, elle affiche un regard indécis et interrogateur sur ce qu'elle est sensée faire. Prenant son courage à deux plumes, elle avance vers l'objet non identifié en traçant un sillon dans le sable humide. Sa tête cubique se trouve maintenant au-dessus du panier. À en juger par la stupéfaction du serpiplume, il ne s'agit pas d'un vulgaire boufton, ni d'une larve bleue, non : c'était un bébé humain ! Un gamino, attiré par le bruit des pleurs, vient rejoindre le serpiplume :

— «Qu'est-ce que c'est ? Je déteste être réveillé le matin…
— Je ne sais pas, je crois que c'est un humain.
— Un humain ?! Tuons-le, ces êtres de malheur n'ont fait qu'apporter la misère et tuer nos frères sur notre île !
— Attends ! Regarde, ce n'est qu'un enfant.
— Et alors ! Eux ne se gênent pas pour tuer les plus jeunes d'entre nous.
— Je sais, mais il est si… innocent, on ne peut pas le laisser là, de la vie il ne connaît rien, laissons-lui une chance…, adoptons-le ! Il fera partie de notre île, nous le protégerons, il sera comme — soulève l'étoffe recouvrant le nouveau-né —… un fils pour moi !
— Mais enfin, tu as perdu l'esprit !
— C'est décidé, je soumettrai la décision au conseil, et alors, on saura.
— Un humain… un humain... le gamino rumine ces mots en rejoignant son labyrinthe.»

Le serpiplume, resté seul, découvre un morceau de papier à côté de l'enfant :

— «“Sibelius”… Sibelius, mon enfant, bienvenue sur l'île, de nombreuses aventures t'y attendent...»



* * *


À la surprise générale, l'enfant fut bien accepté au sein de la communauté Minos. Syssi, le serpiplume qui avait recueilli Sibelius, reçu du conseil l'ordre de s'occuper de lui durant toute son enfance. La nuit, pour lui tenir chaud, Syssi s'enroulait autour de son panier avec une délicatesse qui n'avait d'égal que l'amour paternel que ce dernier lui portait. Dès son plus jeune âge, on apprit à l'enfant à cueillir des fruits, à dénicher des plantes rares, à grimper aux arbres, à communiquer avec la nature : à vivre comme un îlien, mais aussi à se méfier de certains minos peu soucieux des créatures qui ne dépassent pas la hauteur de leur genou — bien qu'ils ne soient pas méchants —. Les récolteurs (les serpiplumes et les scaratos) n'avaient que peu de contacts avec les minos du labyrinthe, ils étaient considérés comme inférieurs par ces derniers. Ainsi, durant son enfance, Sibelius avait été en quelque sorte oublié par les minos. Mais cela lui convenait : il se suffisait de l'attention que son père Syssi lui portait et des scaratos qu'il adorait voir se lever à l'aurore sur la plage. Chaque jour, Sibelius grandissait un peu plus, devenant plus fort que le précédent, ramenant plus de fruits au labyrinthe, montrant toujours plus d'entrain à la tâche, et la verve dans son regard ne faisait que croître. Cet entrain lui valut d'attiser la curiosité d'un petit gamino : Lybor. Tous les jours, en déposant des vivres au labyrinthe, Sibelius l'apercevait, ils se croisaient du regard, et sans dire un mot, arrivaient presque à communiquer. Lybor possédait une caractéristique relativement rare chez les minos : il était albinos.


De fil en aiguille, une puissante amitié s'était posée entre Lybor et Sibelius. Si bien que ces deux derniers passaient toutes leurs journées ensemble : quand ce n'était pas les bandelettes d'un mominotoror qu'ils déroulaient, c'était le boulet du déminoboule qu'ils attachaient au boulet d'un autre déminoboule... Et tout ceci au grand dam de Syssi qui ne trouvait plus d'excuses à donner aux minos mécontents des blagues de Sibelius.


Hélas, ce bonheur et cette enfance douce ne dura point, l'inévitable se produisit. Un sombre jour, l'alerte fut donnée et toutes les créatures, qu'elles soient serpiplumes, scaratos ou gamino allèrent se réfugier au labyrinthe, les plus vaillants esquissaient un sourire en aiguisant une dernière fois leur lames : un bateau arrivait, empli d'aventuriers plus ou moins aguéris et rassemblés par le même dessein : trouver le minotot et dérober le dofus pourpre qu'il protège. Sibelius aussi se préparait au combat, et bien qu'il n'ait pas encore passé la cérémonie de maturité, on lui confia tout de même la tenue cérémonielle à l'effigie du Minotot, ainsi il pourrait se battre sous les couleurs des minos.


La bataille fut un carnage, les minos étaient vaillants et entraînés, mais... pas assez nombreux ; nombre d'entre eux périrent sous le fer des aventuriers fraîchement débarqués. Même le minotot ne parvint pas à protéger les sien et le dofus, il dû se soumettre. Sibelius, quant à lui avait été fait prisonnier comme beaucoup d'autres et notamment Lybor qui se tenait assis à côté de lui. Un guerrier, qui semblait être le chef de l'expédition, examinait les prisonniers un à uns, jusqu'à ce qu'il tombe sur Sibelius :
—«Alors qu'est ce que c'est que c'marmot ! à en juger par ta queue fourchue je dirai que tu es un de ces foutus disciples osamodas... Ils me tapent vraiement sur le système ceux-là j'en peux plus de leur bestiaux ! Bref, comment es-tu arrivé parmi ces monstres petit ?
—Ce sont pas des monstres ! ce sont mes parents, ils m'ont élevé et puis...
—Hola ! doucement l'marmot, j'ai pas que ça à faire d'écouter tes jérémiades, ces bêtes là ne sont bonnes à qu'à faire des bouses et à marcher dedans ! Viens avec nous et on te trouvera une famille une fois sur le continent, en plus j'ai besoin d'un mousse sur mon bateau, nous aussi avons subis des pertes...

—Non j'veux pas ! j'veux pas ! j'veux voir mon papa, SYSSIIIII !»
Syssi, qui était parmi les prisonniers, blessé et se mouvant de travers : Ne... ne t'en fait pas Sibelius, je savais que ce jour arriverait... Vas, vas avec eux... peut-être auras-tu une meilleur vie que celle que j'ai pu t'offrir...
— Qu'est qu'c'est qu'cette boule de pierre qui parle, qu'on m'l'amène ici !
— Non ! ne lui faite pas de mal ! Papa...
Syssi, entrain de se faire trainer devant le chef : Ne t'en fait pas, tout va bien se passer...
— Alors comme ça c'est cette chose ton père ?! T'vois donc pas qu'vous êtes pô vraiment de la même espèce ? Le chef dégaina son épée et trancha net la gorge du serpiplume.

Comprenant que le chef l'embarquerait de toute façon, Sibelius se contenta d'un regard profond empli de larmes pour signifier ses adieux à Lybor. Mais ce dernier ne le regardait point, il ne faisait que fixer ses sabots encore dégoulinants de sang. Et Sibelius, dans sa tunique immaculée s'en alla vers d'autre horizons, laissant l'île des minos dans le calme et la dévastation, ne regardant pas en arrière, mais espérant qu'un jour il aurait la force de le faire. Le bateau s'en alla comme il était venu, subrepticement dans la brume sans laisser de trace, si ce n'est un sillon de haine invisible grandissant de plus en plus dans le cœur meurtri des minos survivants.






CHAPITRE II : LA PASSION





Après avoir enlevé Sibelius de son île, le groupe d'aventurier se retrouva dans une auberge non loin de la zone de débarquement du navire qui les avait transporté sur l"île des minos. Et ce qui devait être une soirée de franche rigolade pour fêter une victoire méritée, se transforma rapidement en règlements de compte où les esprits esseulés délièrent les épées de leur fourreau. En effet, le dofus pourpre que les aventuriers avaient réussi à prendre au minotot était très convoité par ces derniers. Mais c'est le même chef qui avait pris Sibelius qui en avait la garde, et il ne laisserait personne s'en approcher, au prix de sa vie. Seulement, après quelques chopes bien placées, nombre furent ceux qui se rebiffèrent estimant qu'ils avaient tout autant le droit de posséder le précieux dofus... Et l'inévitable se produisit : entre tabourets volants, marteaux dans les dents, bâtons entre les jambes, et épées contre nuque, Sibelius était là, caché dans un coin observant la scène, apeuré. Bientôt couvert du sang giclé de quelques aventuriers malencontreux, Sibelius dû agir : il pris le peu de courage que ces même gens ne lui avait pas enlevé et subrepticement se dirigea vers la porte de sortie de l'auberge. Le chef, le voyant partir, pris le dofus dans ses mains et lança une gerbe de flamme sur le pauvre enfant... Acte peu réfléchi car en plus d'avoir propulsé Sibelius loin dehors, les flammes du dofus illuminèrent l'intérieur de la taverne et l'enflammèrent en moins de temps qu'il ne faut pour dire « chabrûlé ». L'auberge flamba si vite qu'aucuns ne survécu à l'incendie, personne à part Sibelius. Mais il ne s'en retrouvait pas idemne, une partie de sa tenue cérémonielle avait brûlé ainsi que le flanc gauche de l'enfant, de l'épaule jusqu'au genou sa peau était calcinée. Il souffrait, mais... mais pas autant que ce qu'il l'attendait.


Sibelius errait, il errait sans force et sans but entre les ardentes landes de cania et les sombres landes de Sidimote. Il ne savait que faire, où aller dans un tel monde, un monde dont il ne connaissait rien, un monde qui ne le connaissait pas non plus... Par soucis pratique, Sibelius s'aventura dans les landes sombres pour éviter de mourir de soif. Il devait faire attention car nombre de canidés rôdaient sur cette route, que ce soit les féroces kanigrous ou les habiles ouginaks. Profondément enfoncé dans la pénombre, Sibelius commençait de plus en plus à regretter son choix, ces terres stériles allaient le conduire à mourir de faim, et les bêtes qui y vivent hurlaient de plus en plus, et de plus en plus fort, laissant de puissants frisonnements parcourir le frêle corps du petit osamodas. Mais un jour, alors qu'il longeait la côte à la recherche de poissons, Sibelius se retourna et aperçu les montagnes Koalaks : malgré l'obscurité pesante, il pu distinguer de la verdure, oui beaucoup de verdure ! Saisissant sa seule chance de survie, Sibelius puisa dans les dernières forces qui lui restait et fonça tête baissée vers les montagnes. Mais dans sa course folle, il attira l'attention d'un croc gland, le petit osamodas n'ayant pas les capacités suffisantes pour terasser la bête, il n'eut d'autres choix que celui de continuer à courir droit devant et jambes à son cou ! Il y était presque, la montagne était toute proche ; il n'aura pas de mal à l'escalader, pas avec toutes ses heures d'entraînement sur l'île des minos passées à sauter de bambou en bambou sans les casser (ce qui demande une agilité certaine, les bambous étant relativement fragiles chez les minos). Ça y est, il est enfin rendu au pied de la montagne, il commence à la gravir, les pierres sont sèches et abruptes, ce qui rend l'ascension plus aisée. La flamme de l'espoir brille à nouveau dans les pupilles de Sibelius, il allait enfin quitter ces terres maudites.

Une intense et vive douleur remonta du pied de Sibelius jusqu'à son genou. Le croc gland ne l'avait pas lâché, il ne faisait qu'attendre le moment propice pour attaquer sa proie. Ses crocs étaient plantés profondéments dans la jeune chair de l'osamodas, et ce dernier criait de douleur ; mais se refusant à abandonner tout espoir, toute lutte, et la hargne de vivre, ne serait-ce que pour retourner sur l'île... Alors, d'un violent coup de pied de l'autre jambe, Sibelius se degagea de l'emprise de la bête et en profita pour lui griffer le museau, ce dernier même couinant et dégringolant les rochers, revenait à la charge, Sibelius pris rapidement un petit galet et le lança sur le croc gland affamé. Il eut de la chance, le galet cogna la bête entre les deux yeux, la laissant s'évanouir et gire sur le sol. Débarrassé de ce problème, il continua son ascension, dans la douleur et le sang : sa blessure était profonde et un flot de sang s'en échappait. Il savait qu'il ne lui restait plus beaucoup de temps avant de sombrer de l'autre côté, alors il grimpa de toutes ses forces, voyant peu à peu le ciel se dégager au fur et à mesure qu'il prenait de l'altitude. Enfin, il y était arrivé, il s'accrocha à quelques touffes d'herbes et... s'écroula, à bout de force, sur le sol de vert vêtu.



* * *



Cela faisait maintenant plusieurs années que maître Kakbak, un vieux koalak, avait recueilli l'enfant sur le faut de la falaise et soigné ses blessures. Maître Kakbak était un éleveur de renommé, il possédait plusieurs enclos et une petite maison dans le village des éleveurs. Le grand malheur du maître Kakbak était de n'avoir jamais réussi à engendrer un fils, dans sa jeunesse, son physique particulier n'attirait guère les juvéniles mamakoalak (avec beaucoup moins de prépondérence que celles que l'on peut croiser) et beaucoup se moquaient de lui ; c'est d'ailleurs ce qui le poussa à devenir éleveur, les dragodindes elles au moins savent l'aimer à sa juste valeur. La découverte du petit Sibelius fut alors pour lui une révélation, un miracle, enfin il allait pouvoir transmettre son savoir et son amour pour l'élevage à un disciple.

Sibelius apprit tout d'abord à capturer les dragodindes sauvages, bâton dans une main et filet dans l'autre ; la tâche était très fastidieuse et pénible, mais maître Kakbak lui enseigna la première qualité d'un éleveur : la patience. Alors il dut attendre des jours et des jours, avant qu'une dragodinde se présente enfin devant le point d'eau où il était posté ; c'était le seul moment où elles ne courraient pas dans tous les sens, et au vu de son inaptitude au combat, il n'avait pas d'autres choix que d'attendre là, tapis dans l'ombre. Elle était blanche, pas d'un blanc pur et immaculé, non, cela se rapprochait davantage de la couleur crème. Alors Sibelius qui n'en pouvait plus, fonça droit sur elle en brandissant son bâton et en jetant son filet droit sur la dragodinde, ce qui... de toute évidence la fit fuir. Maître Kakbak, qui avait observé la scène, s'approcha de Sibelius, lui déclara cette phrase pleine de sens : « Ne confond pas vitesse et précipitation Sibelius. » puis lui infligea une douloureuse giffle, « Ça c'est de la précipitation », se concentra, ferma les yeux et lui donna respectivement un violent coup de bâton sur l'épaule gauche, sur la tête et sur l'épaule droite, « Et ça c'est de la vitesse ». Il venait d'avoir sa première leçon... aussi douloureuse soit-elle, au moins il s'en souviendra.

Le jeune éleveur avait maintenant quelques dragodindes capturées à son actif et était impatient d'en apprendre davantage. Le maître, qui le sentait prêt, passa à l’inculcation de la deuxième qualité essentielle d'un éleveur : le sacrifice. Pour tester Sibelius, le maître l'enferma dans une cabane avec une de ses dragodinde pendant 3 jours et 3 nuits, et avant de refermer la porte, il lui déclara « Si tu sors d'ici indemne, alors tu auras réussi ». Au terme des trois jours, le maître ouvrit la porte de la petite cabane, aperçu Sibelius assit dans un coin, et lui tendit un plateau rempli de fruits juteux ; il se précipita sur le plateau et, tiraillé par une faim insoutenable, en englouti la moitié, suite à quoi il regarda sa dragodinde affalée sur le sol et lui tendit le reste du plateau, cette dernière refusa d'en manger. D'abord dubitatif et étonné, Sibelius senti ensuite une douleur atroce venir de son ventre, il regarda les fruits puis le maître, ce dernier esquissait un sourire, de ces sourires sadiques qui signifient « Je t'ai bien eu, maintenant tu vas souffrir ! ». Il se tordait de douleur, se tenant le ventre et gesticulant sur le sol. Le maître en profita pour sortir la dragodinde et aller la nourrir, en glissant au passage à Sibelius « Si tu avais d'abord nourrit ta monture, alors tu aurais su que les fruits étaient empoisonnés, tu ne récolte que ce que tu as semé. Comment veux-tu que tes dragodindes se sacrifient pour toi si tu ne te sacrifie pas pour elles. Mais ne t'inquiète pas, la douleur s'estompera au bout de... un mois ! En espérant que cette leçon reste à jamais gravée dans tes entrailles. ». Sibelius recevait ainsi son deuxième enseignement.

Mais il restait une dernière étape avant de parfaire la formation de Sibelius, et pas des moindres. En effet, maître Kakbak estime qu'un éleveur doit ressentir, il doit avoir de l'empathie pour ses bêtes : c'est l'amour. Pour ce faire, le maître n'allait ni l'obliger à rester tapis dans les buissons, ni l'enfermer dans une cabane, non. Non, il allait simplement lui déclarer cette phrase : « Sibelius, trouve ta passion, trouve pourquoi, trouve toi. Alors tu seras éleveur, transmet ton savoir et tu seras dragomaître. » Alors Sibelius s'en alla méditer, méditer sur cette phrase, sur les mots de son maître qui avaient toujours été sa lumière. Assis sur un rocher, au bord de la falaise, il regardait les sombres landes de Sidimote balayées par des vents froids et lourds, des éclairs violacés illuminant par quelques instants le spectre des nuages gris, et dévoilant des meutes de croc gland affamés. Il ne pouvait même pas apercevoir l'île, son île. Mais pourquoi ? pourquoi voulait-il élever ? élever des créatures aussi douces, aussi compréhensibles, et aussi frêles qu'il l'a été un jour. Ça y était, il avait compris : incapable de s'intégrer parmi ceux de sa propre espèce, ces êtres qui l'on abandonné au berceau, ces êtres qui l'ont enlevé de son île et de ses amis, il ne pouvait leur pardonner aussi bien qu'il ne pouvait leur en vouloir, il ne pouvait les aimer comme il ne pouvait les haïr ; alors il était seul, seul avec ses tourments et son passé rongeur. Il avait besoin, il lui était nécessaire de croire en quelque chose, de placer ses espoirs, d'avoir une passion ; celle de l'élevage. Ses amies ne le jugeraient pas, elles ne le blâmeraient pas, non elle lui seraient fidèles et reconnaissantes. Cela lui suffisait, il avait trouvé sa voie.
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